Article sud ouest 28 11 2012
«Faire une recette en moins de dix minutes qui revient à moins de 1 euro. » Nicolas Magie, l'ex-chef de La Cape, à Cenon, présidant depuis peu les destinées du Saint-James, à Bouliac, résume la règle du « speed food », ce défi qu'il se lance chaque année avec ses collègues « potes », depuis 2007, à quelques jours de Noël.
Les années passent et le rendez-vous - samedi 22 décembre pour la présente - reste fidèle à son grand principe de « solidarité », ainsi que le soulignait hier matin Alain David, le maire de Cenon. Avec un ticket d'entrée à 6 euros permettant de se régaler des spécialités réalisées par autant de chefs, il est déjà écrit que les réservations (1) pour la dégustation des rois, au Rocher de Palmer, vont s'arracher comme des petits pains. À la nuance près qu'il est vivement conseillé à celles et ceux qui auraient un excès de mauvais cholestérol de s'abstenir, vu que cette édition consacre l'œuf !A priori pas de quoi se pâmer avec l'un des aliments de base les plus consommés au monde. Le défi, qui ressemble plus à un jeu pour les grands chefs en lice, est de transformer le commun en génial. Elle est là, la performance. Il n'y a qu'à demander aux heureux convives de la précédente édition ce que leur mémoire gustative retient des pommes de terre version speed food.
Prenez Nicolas Magie. Il promet un « œuf dur au plat », soit déjà tout un programme, qui prend une autre dimension quand il l'agrémente d'une « mayonnaise de fourme d'Ambert, pomme verte acidulée et noix du Périgord ».
Thomas Brasleret, qui lui a succédé à La Cape, se contente d'un « œuf mayo », bien dans le registre populaire, voire familial, familier. « On va apprendre aux gens comment faire une autre mayonnaise et ne pas faire juste un œuf cuit dur. » Le secret est bien gardé jusqu'au 22 décembre.
« L'œuf plat », selon Frédéric Lafon, a quelque chose de farceur. Vous pourrez toujours chercher le jaune, et, si vous détectez les saveurs du parmesan dans le blanc, vous gagnerez le droit de poursuivre la dégustation. Par exemple avec « l'œuf à 64° florentine », vu par Yoan Alias. Ce jeune chef bordelais a une définition qui ravira toutes celles et ceux qui sont fâchés avec la cuisine, « œuf basse température, zéro boulot ». « L'avantage de l'œuf, c'est qu'il a plusieurs textures », poursuit-il. Et Yoan est tellement joueur qu'il a éprouvé toutes les composantes de l'œuf, le jaune, le blanc, le blanc et le jaune ensemble.
De là à faire une omelette, il y a un pas, que Christophe Girardot franchira allègrement. Lui l'agrémente de fines herbes, « comme un maki », et se met au goût du speed food avec « oignons frits et soy sauce ».
Allez, encore un petit dernier pour la route, et là c'est Philippe Capdevielle qui s'y colle. Jusque-là dans l'ombre, il vient sur le devant de la scène pour servir « l'œuf tiramisu, ananas pinacolada ». Il n'a pas lâché grand-chose sur la recette, excepté qu'il compte « utiliser la coquille » et « proposer le spéculos en mouillette ».
Pas question d'oublier deux autres larrons, Éric Ospital, qui donnera (hors speed food) une interprétation basque de l'œuf, et Philippe Allaire, l'animateur du Cenon Cook Challenge, qui interviendra avec les dernières participantes à ce concours.
(1) Inscription à la Maison des associations de Cenon (11, rue du 8-Mai 1945), lundi 3 décembre, à partir de 9 heures.